jeudi 20 octobre 2011

Vivre un deuil à l'adolescence : Processus, alertes et conseils

Partie 1 : Comment se vit le deuil à l'adolescence?

L'adolescence est une période de la croissance marquée par de nombreuses transformations. Lorsqu'en ces circonstances un décès survient, l'adolescent se voit plongé dans le vif de la souffrance de la vie : dans réalité de la mort. C'est cette souffrance qu'il doit alors apprivoiser en vivant son deuil. Plusieurs parents, proches ou amis des adolescents en deuil se questionnent sur ce que vit l'adolescent en deuil.

Valérie Bourgeois-Guérin (candidate au doctorat en psychologie clinique et stagiaire chez les Psychologues-Consultants Y2) vous présente quelques éléments qui peuvent aider à comprendre comment se vit le deuil à ce moment particulier de la vie.

Comment se vit le deuil à l'adolescence ?

Mis à part les effets du deuil qui sont communs à ceux des adultes (tel que décrit dans l'article portant sur le deuil chez les adultes), certaines manifestations du deuil sont particulières aux adolescents.

Les symptômes de deuil de l'adolescent s'étendent souvent sur une plus longue période que pour les adultes. L'adolescent a généralement moins d'expérience de perte d'un être cher que les adultes et ne sait pas toujours comment s'en sortir puisqu'il n'a jamais eu à faire face à un défi pareil.

À l'image du choc vécu par les adultes, beaucoup d'adolescents affirment avoir de la difficulté à se souvenir de choses ordinaires dans les premiers moments suivant la perte (ce qui peut affecter leur rendement scolaire, mais généralement de manière temporaire). D'autres se battent avec une impression de ne plus avancer. C'est souvent à ce moment que certains adolescents auront des visions du défunt et c'est une phase ou plusieurs auront peur de « devenir fou ».

La peur d'oublier le défunt ou l'objet de la perte est souvent très prononcée dans le deuil de l'adolescent. Par exemple, s'il oublie le rire, le regard, la voix du défunt, il peut vivre un grand sentiment de panique.

Dans les moments suivant le deuil, les adolescents vont souvent ressentir une grande vulnérabilité. Certains vont avoir peur de ne plus retrouver leur équilibre psychologique, auront peur que les autres personnes qu'ils aiment meurent aussi, vont se sentir coupables lorsqu'ils reprennent goût à la vie ou encore ressentir que nul ne peut comprendre leur souffrance.

Il arrivera parfois que, suite à la perte, l'adolescent s'identifie au défunt : par exemple qu'il marche, parle et agisse comme lui. Inversement, il peut aussi faire une contre identification s'il ressent beaucoup de sentiments négatifs envers le défunt, par exemple, il en voulant être l'inverse total de ce que ce dernier était.

Dans les cas de décès d'un membre de la famille, il arrive que l'adolescent soit rapidement attitré à un nouveau rôle ce qui peut être très lourd à porter (par exemple dans le cas ou la mère meurt, il arrive qu'on s'attende à ce que l'adolescente prenne soin de ses sœurs, de la maison, etc.).

L'adolescent endeuillé vit souvent une baisse d'estime de soi en début de deuil. Toutefois, avec le temps, lorsque le deuil se résoudra, il vivra souvent une augmentation de l'estime de soi. À long terme ces adolescents deviendront alors souvent plus confiants et plus matures que leurs congénères.

Que faire lorsque ses comportements deviennent dangereux?

Il arrive qu'avec le deuil, l'adolescent commence à adopter des comportements à risques ou que ceux-ci augmentent. Par exemple, celui-ci pourra commencer à consommer drogues et alcool en grande quantité, conduire de manière dangereuse, etc. Généralement, ce type de comportement se développe dans la première partie du deuil de l'adolescent et chez ceux qui n'expriment pas leur deuil.

Pour certains adolescents, les comportements à risque sont l'expression d'un désir de rejoindre le défunt, c'est-à-dire une tendance plus ou moins suicidaire. Le deuil chez l'adolescent augmente les risques de suicide chez ce dernier. Il est possible que le message suicidaire témoigne d'un sentiment de ne pas vouloir surmonter l'épreuve, mais même s'il ne signifie pas nécessairement que l'adolescent veut mourir, il témoigne d'une grande détresse. Avoir recours à une aide professionnelle est alors recommandé.

Inversement, certains adolescents se surprotégeront, ne voudront prendre aucuns risques, et ce, de manière exagérée.

Les émotions de l'adolescent en deuil

Le deuil chez l'adolescent sera souvent vécu très intensément au niveau émotif. Leurs émotions vont souvent changer rapidement.

La souffrance de l'adolescent en deuil peut se traduire en grande tristesse s'exprimant en phases récurrentes et plus longues que l'adulte, en retrait et en inhibition.

Les sentiments de colère et de révolte sont parfois plus prononcés chez l'adolescent en deuil. Il arrive que leur détresse s'exprime par exemple en colère envers le personnel médical, la justice, sa famille, etc.

Le sentiment de culpabilité suite au décès d'un proche sera souvent ressenti par l'adolescent en deuil et peut être particulièrement difficile à vivre pour ce dernier.

L'absence de réaction émotive est aussi caractéristique de plusieurs adolescents en deuil. Elle peut être temporaire et signifier que l'adolescent est en choc, qu'il ne réalise pas pleinement ce qui arrive.

L'adolescent peut aussi vivre des sentiments ambivalents face au défunt. Dans une période où il conteste souvent l'autorité, cela peut être particulièrement prononcé s'il perd un parent ou un autre représentant de l'autorité.

Vivre une perte à l'adolescence n'est pas chose facile. Obtenir un support adéquat dans un tel contexte est souvent particulièrement important. Un petit article sur comment soutenir un adolescent en deuil suivra et visera à aider les proches des adolescents en deuil à soutenir ces derniers dans cette dure épreuve de la vie.

Valérie Bourgeois-Guérin
Candidate au Ph.D. en psychologie clinique
Psychologues Consultants Y2

Veuillez noter que la partie 2 sera disponible en début de semaine prochaine. Si jamais vous avez des questions et/ou commentaires, n'hésitez surtout pas à nous en faire part. Merci !

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